dimanche 29 mai 2016

Pour l’affliction, un poème (Ps 88,1)

לענות משכיל 
leˁannôt maśkîl

Chers amis,
Vendredi soir, je pensais aller faire un petit tour en Ville pour admirer les illuminations… Mais c’était Shabbat, et donc pas de lumières… En revanche, samedi soir ! la foule était extrêmement dense.
Samedi matin, à la bibliothèque… Calme, je commence à ranger ma table et à rapatrier mes affaires au Collège.
L’après-midi, j’ai profité des températures douces pour aller me promener. Consulat de France, Ancienne gare, Avenue Koenig et ainsi de suite jusqu’au monastère de Mar Elias, qui se situe sur une crête à mi-chemin de Jérusalem et Bethléem. Il est occupé par des moines orthodoxes et commémore un arrêt du prophète Élie sur la route du Sinaï. Entre 1949 et 1967, le monastère était situé sur la ligne verte de cessez-le-feu, côté jordanien. Sur la petite butte derrière le monastère, on voit encore les installations militaires jordaniennes. Depuis la butte, on a une vue imprenable sur Jérusalem-Ouest et on comprend les Jordaniens de s’y être installés. Au sud, c’est Bethléem et plus loin, l’Hérodion. À l’est, on voit l’énorme colonie israélienne de omat Shmuel : cela ressemble à une cité futuriste dans un film de science-fiction. J'ai prié un bon moment, c'était un petit pèlerinage élianique.
Jérusalem vue depuis la colline de Mar Elias
En revenant, je croise une joggeuse sortie tout droit d’un sketch des Inconnus (bandeau fluo, tee-shirt fluo, short fluo et baskets fluo) qui m’avait doublé deux heures plus tôt, près de l’ancienne gare… Pendant mes balades, il m’arrive souvent de croiser à plusieurs reprises les mêmes personnes.
Je suis revenu par la promenade Haas, Abu Tor, Yemin Moshe.
Ce soir-là, les Frères ont regardé la finale Real/Atletico : de ma chambre,
Fontaine du Muristan
j’entendais le Frère Rafael (burgalais, inconditionnel du Real) qui poussait des cris à chaque occasion de but… Je suis aussi allé admirer les illuminations : j’ai suivi le chemin bleu qui passe dans la très étroite (1,5 m) rue du foyer maronite et serpente dans le quartier chrétien (il n’y avait pas de vraies illuminations mais les magasins étaient ouverts). Seule la fontaine du Muristan était éclairée en bleu avec des abat-jour XXL très kitchs. Pour compléter la déco, il y avait juste une bonne dizaine de policiers. Le chemin se terminait dans le cardo, au milieu du quartier juif. Rentrer à la maison a représenté un beau défi : des barrières de partout pour obliger les gens à circuler dans le même sens. Je suis donc passé par les toits, ça m’a fait gagner du temps. En redescendant, j’ai été bloqué par une barrière et le bonhomme m’a dit : « You can’t go this way » ; je lui ai répondu « No one asked your opinion » et je suis passé, il n’a rien dit…
Ambiances lumineuses dans la rue des Maronites
Ce matin, tram puis bus vers Abu Gosh. Cela fut un peu compliqué : j’attendais le 185 à l’arrêt près de la gare centrale. Un bus avec un voyant lumineux indiquant 185 arrive. Sur le pare-brise, il y a un pauvre écriteau où était péniblement écrit “187” (le type avait dû apprendre à tracer ses chiffres la veille). En montant, je demande au chauffeur « Abu Gosh » (en raclant un brin le g), il me répond quelque chose qui ne ressemblait ni à de l’hébreu, ni à de l’arabe, mais dans lequel je comprends Abu Gosh. Je monte, je paye. Je lis sur mon ticket “Ligne 192” et j’ai fini par descendre à l’entrée d’Abu Gosh à un arrêt de la ligne 195… J’ai marché une vingtaine de minutes, heureusement, j’étais en avance.
Belle messe, comme toujours.
J’ai vu les Agnès, Nicolas et leurs enfants qui m’ont invité à déjeuner à Ramallah. En voiture ! Ramallah n’est pas très loin mais le trajet prend du temps puisqu’il faut aller chercher le check-point de Gib… Repas excellent et soigné (sauf le “saignant” qui ressemblait plutôt à du “cuit”, mais la viande était savoureuse – ça changeait du poulet et du kebab).
Mausolée de Yasser Arafat
Après le repas, on a discuté un bon moment puis Agnès m’a emmené faire le tour des curiosités de la capitale palestinienne. Tout d’abord le mausolée de Yasser Arafat, c’est un petit bâtiment cubique au milieu d’un espace large. L'arête du mausolée mesure 11 mètres pour évoquer la date du décès de Yasser Arafat (11/11/2004). La pierre tombale est gardée par deux policiers, qui ne sourient JAMAIS !!
Un policier nous a accompagnés, il parlait réellement trois mots d’anglais, mais il était très sympa. J’ai demandé à voir la mosquée qui jouxte le mausolée, d’une sobriété quasi cistercienne (c’est assez rare en Palestine pour pouvoir être noté !). Derrière le mausolée, se trouve la Mouqata’a, le palais présidentiel de Palestine.


Puis le petit musée Mahmoud Darwish, le grand poète palestinien proche de Yasser Arafat. Le musée est tout petit mais présente quelques objets ayant appartenu au poète (mort en 2008). Il est un des rédacteurs de la déclaration d’indépendance de la Palestine écrite en 1988. Sur une photo, on le voit avec Jean-Paul II. Je vous laisse cet extrait d’un discours, prononcé en 2003 :

Mais nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir.
Puis il fut temps de rentrer à Jérusalem… Mais aussi de dire au-revoir à ces amis devenus chers : depuis le barbecue au monastère de l’Emmanuel, à l’excursion dans le Néguev en passant par la messe de Noël et les randonnées dans le Wadi Qelt… que de rencontres et de souvenirs, que j’espère entretenir !
Je suis arrivé au Collège, au moment où une grande foule était réunie dans la cour pour la procession mariale de la fin du mois de mai : Ave Maria de Lourdes en arabe, les scouts, les filles en enfants de Marie qui portaient la statue de la Vierge Marie, les franciscains presque au complet et la foule des fidèles.
Soirée calme et brève…
À bientôt,
Étienne+

Aucun commentaire: