mercredi 11 mai 2016

Sur la rive des fleuves d’Éthiopie (So 3,10)

מעבר לנהרי־כוש
mˁeber lenahărê-khûš

Chers amis,
Rien de particulier ces jours-ci… Lundi, j’ai travaillé à “Patmos”.
Mardi matin, cours de topographie. L’après-midi, nous sommes allés visiter la Tour de David ; je connaissais déjà. J’en ai profité pour regarder avec plus de précisions les douves de la citadelle, dans lesquelles des vestiges du double palais d’Hérode sont visibles. J’ai déploré qu’on n’aille pas voir la maquette de Jérusalem à la fin du xixe siècle qui est si bien faite. En plus, au sommet de la grande tour, on ne voyait pas la Jordanie, noyée dans la brume de chaleur…
Ensuite, nous sommes allés au patriarcat grec melkite catholique. C’est une Église catholique (donc en pleine communion avec Rome depuis 1724) mais de rite byzantin. À l’époque du Concile de Chalcédoine (451), elle a refusé le monophysisme de beaucoup d’autres églises de la région (Coptes, Arméniens…) qui se sont mises à les appeler avec un brin de mépris Melkites, c’est-à-dire “partisans de l’Empereur” (malka’ en syriaque).
Mgr Jules Joseph Zerey, en tenue liturgique
Le vicaire patriarcal (≈ archevêque) du diocèse de Jérusalem s’appelle Joseph Jules Zerey ; je l’avais déjà croisé dans l’une ou l’autre célébration à Jérusalem (il concélèbre souvent avec les Latins). Né à Alexandrie, d’un père libanais et d’une mère grecque, il a étudié chez les Frères de la métropole égyptienne et s’exprime dans un français parfait. Ça m’impressionne toujours de voir la qualité de l’enseignement du français, à l’époque, dans les établissements lassaliens.
Il a présenté rapidement l’Église grecque-catholique melkite puis il a parlé un bon moment ; c’était un peu catéchétique (j’ai pris beaucoup de notes pour éviter de sombrer dans la sieste). Et la plupart d’entre nous n’ont pas résisté.
Puis nous avons vu l’église de l’Annonciation et admiré la vue de la terrasse.

Icône de saint Étienne, dans le chœur de l'église melkite de Jérusalem (peinte en 1974)
Avec quelques étudiants, nous avions ensuite rendez-vous dans la rue du monastère éthiopien avec Getachew (ça se prononce comme le Pikachu…).
Il nous a montré l’église du monastère. Il a évoqué l’origine du christianisme en Éthiopie : le fonctionnaire royale de Candace (Ac 8), dont la rencontre avec le diacre Philippe et le baptême étaient représentés sur un des murs. Getachew a décrit la structure spatiale d’une église éthiopienne : le saint des saints, avec l’autel accessible seulement au prêtre, un rideau (ou une cloison de bois) le sépare du saint, et enfin, la partie où se tiennent ordinairement les fidèles.
Dans l’autel, le taboth, c’est-à-dire une reproduction de l’Arche d’alliance contenant les tables de la Loi de Moïse (puisque, vous le savez, l’original se trouve en Éthiopie, ramené par Ménélik, fils du roi Salomon et de Makeda, reine de Saba).
Abune Mathias,
patriarche de l’Église orthodoxe éthiopienne
Ensuite, nous sommes allés dans le monastère éthiopien situé sur le toit du Saint-Sépulcre : arrivés les derniers, les Éthiopiens ont pris ce qui restait… Leur installation a longtemps été contestée par d’autres communautés chrétiennes (notamment les Coptes) mais le statu quo garantit désormais leur installation. Nous avons vu un évêque puis le patriarche éthiopien orthodoxe est sorti d’une petite église : quelle classe, quelle allure, quel port !
Getachew nous a ensuite montré les deux églises que l’on traverse lors du chemin de Croix.
En soirée, nous étions invités chez Michelle et Denis. La veille c’était l’anniversaire de Michelle et le surlendemain, je ne sais pas de qui… Une raclette était prévue. On s’est bien régalés…
À 20 h, une sirène a retenti, dans la rue, les gens se sont arrêtés, ainsi que les moyens de transport en commun. Cela faisait un peu comme pour Yom Hashoah de jeudi dernier. Cette fois-ci, c’était pour Yom Hazikaron, le « jour du souvenir pour les victimes de guerre israéliennes et pour les victimes des opérations de haine », la veille de la fête nationale. La célébration commence par cette minute de silence la veille au soir.
Cela a interrompu notre apéritif et ensuite la raclette était excellente… L’ambiance amicale et sympathique.
Aujourd’hui encore, il y a eu une nouvelle minute de silence à 11 h. Évidemment, côté Est, ça n’est pas vraiment suivi. Chez les ultra-orthodoxes non plus (même l’autre jour, pour la journée du souvenir de la Shoah, ils continuaient à marcher alors que tous les autres restaient immobiles).
Ce soir, après la journée de souvenir, c’est la fête nationale. Littéralement, « fête de l’Indépendance » qui commémore la déclaration d’indépendance d’Israël le 14 mai 1948, dernier jour du mandat britannique. C'est la date du calendrier hébraïque (5 Iyar) qui commémore cet événement mais on fait en sorte que la célébration de ces deux jours ne coïncide jamais avec un sabbat. Cette année, le 5 Iyar (qui est aussi le 13 mai) tombe un vendredi : la fête de la fondation d'Israël est dont anticipée au jeudi 4 Iyar (12 mai) et Yom Hazikaron  au mercredi 3 Iyar (11 mai).
Feu d’artifice au loin, musique à fond devant la municipalité (j’en profite dans ma chambre).
Côté palestinien, ce n’est pas la fête… Ils appellent la fondation de l’État d’Israël, النكبة (an-Nakbah, c’est-à-dire la catastrophe).
Sinon, j’ai travaillé toute la journée à la bibliothèque, naviguant entre Clément et Philon d’Alexandrie. Saviez-vous que le nombre sept n’est pas engendré et n’engendre pas ? Je l’ignorais moi aussi et j’ai mis un peu de temps à comprendre ce que cela signifiait.
(La réponse au prochain billet)
À bientôt,
Étienne+

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Etienne pour tous ces derniers billets, j'ai l'impression parfois de vivre au rythme de Jérusalemn ;-).
Et puis, surtout, en ce jeudi 4 Iyar, je viens te souhaiter un joyeux anniversaire, le dernier dans la 30aine !
Je t'embrasse,
Guilhemette