dimanche 10 janvier 2016

Tu es mon fils bien aimé (Lc 3,22)

σὺ εἶ ὁ υἱός ὁ ἀγαπητός
Su ei ho huios ho agapètos 


Chers amis,
Belle journée encore que cette fête du baptême du Seigneur.
Les trois journées qui l’ont précédée ont été calmes mais avec des événements marquants. Jeudi soir, une conférence de Vincent Lemire sur le projet OPEN-JERUSALEM qui consiste à mettre en relation les différents fonds d’archives sur Jérusalem entre 1840 et 1940 pour dessiner une histoire de l’« identité citadine » de Jérusalem. Contrairement à ce que laisse imaginer le site web, c’est un projet français mais financé par l’Union Européenne.
Ce soir-là, Henri est venu manger chez les Frères. Il était à Jérusalem pour mettre les derniers détails à sa thèse sur le prophète Élie. Il devrait soutenir dans quelques mois… Je le vois au bout du chemin alors que je commence à peine… Courage !
Vendredi, messe à l’Ecce Homo, comme c’est désormais l’habitude.
Samedi, après la matinée à la bibliothèque. Le repas a été partagé avec les Frères et les responsables de leurs écoles à Jaffa, Bethléem et Jérusalem. Repas pantagruélique comme toujours, mais très sympa. Je me suis retrouvé à table avec les profs de Jaffa qui parlent tous un excellent français. On sent aussi en parlant avec eux que la situation politique pèse moins sur le fonctionnement de l’école, sur les gens. Jérusalem, c’est toujours tendu ! L’après-midi, passage à Maria Bambina pour des histoires informatiques et en fin d’après-midi, préparation à la confirmation avec Henri.
Ce matin, départ à 8h depuisNotre-Dame. Descente rapide vers Jéricho. Et notre première pause a lieu à la paroisse latine de Jéricho, tenue par les Franciscains (ils sont deux !). En attendant la cérémonie officielle, le fr Stéphane nous montre le petit couvent bâti comme une maison de Jéricho, semi enterrée, pour se protéger de la touffeur de l’été. L’église est la première réalisation de l’architecte italien Antonio Barluzzi (églises de Gethsémani, du Champ des Bergers, des Beatitudes, du Thabor, du Dominus Flevit...).


Cérémonie officielle


La cérémonie officielle a commencé en présence des autorités civiles, policières (pas d’armée en Palestine !) et religieuses de la ville de Jéricho. Nous avons commencé par écouter l’évangile du baptême de Jésus proclamé à tous ces musulmans par le P. Mario, curé de Jéricho, suivi d’une petite homélie où il expliquait qui est Jean-Baptiste et qui est Jésus pour nous chrétiens… Petite évangélisation impromptue. Le consul de France est arrivé avec un brin de retard… Chut !
Après l’homélie, les autorités tchatchent un peu, en arabe... On applaudit puis du café et quelques douceurs sont servies… J’ai eu une grosse boule au chocolat grasse à souhait, mais pas de café. Marie des Neiges a eu le dernier gobelet…
Procession
Puis convoi vers le site baptismal, nommé Qasr el-Yahûd, sur les rives du Jourdain. Ce lieu commémore le baptême de Jésus et a été aménagé par les Israéliens sur la rive du Jourdain, de l’autre côté du ruisseau (à cet endroit, c’est vraiment un ruisseau) c’est la Jordanie. J’avais déjà visité le site côté jordanien en 2007 (à l’époque, il n’y avait rien du côté israélien).
De part et d’autre de la route, des barbelés et des panneaux indiquant la présence de mines… La paix est pas encore là.
La procession se met en branle au chant du Lauda Jerusalem, mais la sono fait défaut et les paroissiens de Jérusalem se sont mis à chanter à leur manière. Je me trouvais juste entre les deux zones d’influence des chants, le mélange ne pouvait pas laisser indifférent.
L’ambiance est beaucoup moins formelle que mercredi dernier à Bethléem. M. le consul de France a filmé avec son portable ! Le custode qui préside la cérémonie va chercher de l’eau au Jourdain et repart vers le lieu de la célébration de la messe. J’ai dû bousculer les consuls pour rejoindre le carré des prêtres : ils faisaient des simagrées pour s'asseoir, alors que des places leur étaient réservées. Je me change (la quasi totale : amict, aube, cordon, étole...) à toute vitesse... Malchance ! je me trouve placé sous le haut-parleur... Et dire que j'ai volontairement laissé à la maison les bouchons d'oreille en me disant qu'ils ne seraient pas nécessaire pour la messe en plein air... Le Tollite Hostias de Saint-Saëns est difficile à apprécier dans ces conditions. La messe est marquée par le baptême de deux petites filles des paroisses de Jérusalem et Jéricho. Quand j'ai entendu le nom de la première, je me suis dit que ça serait dur à porter plus tard : Marie-Alphonsine ; mais le nom de la seconde m'a tout fait comprendre : Mariam Baouardi. Les deux petites filles portent chacune le nom d'une des saintes palestiniennes canonisées l'année dernière... Pour les rites baptismaux, j'ai compté deux caméras de TV, cinq gros appareils photos et je ne sais combien de Smartphones... L'ambiance est très festive : on applaudit, on youyoute... À la communion, on chante Adeste fideles, mais en disant Iericho à la place de Bethleem, et avec des paroles adaptées. Après la messe, je fais mes dévotions au Jourdain.
Liturgie de la Parole
Nous remontons dans le bus qui nous mène au pied du monastère de Jebel Quruntul : le Mont de la Quarantain, c'est-à-dire le lieu de la Tentation de Jésus. Accroché à la falaise, un monastère grec orthodoxe se dresse... Pour une sombre histoire de moines ligotés par des pèlerins français, m’a-t-on dit, la liturgie de la parole au cours de laquelle l’Évangile de la tentation est proclamé, a lieu devant la porte du monastère et ensuite seulement, il s'ouvre  pour que nous puissions aller vénérer le rocher où « selon la tradition », Jésus a passé quarante jours et quarante nuits au désert et où le diable est venu le tenter. Le monastère est vraiment un lieu impressionnant, accroché au rocher.
Le rocher
À cause d’une tradition liée à sainte Anne, les femmes peuvent entrer dans le monastère pour le visiter et y prier. Tant mieux ! Les moines nous accueillent avec de l’eau fraîche et du café – “grec” me dit le monsieur qui le servait – il n’était pas bon du tout (normal pour un café de couvent !) mais avait au moins le goût de l’amitié. Nous redescendons au bus qui nous ramène à la paroisse où nous attend un buffet pour se restaurer. Il était 14h30 bien sonnées et j’étais mort de faim. Il a fallu patienter car la queue était longue… Du coup, le repas a été léger : du hummus raclé sur le plat, une boulette de viande d’agneau et un morceau de blanc de poulet, trois cubes de concombre… Une mandarine pour le dessert (c’était ça ou des boulettes au chocolat comme le matin !)
Vertige au monastère
Sur les 15h30, retour vers Jérusalem et sa fraîcheur. Il a fait beau comme une journée de printemps à Jéricho (ni trop chaud, ni trop froid, idéal). Dans le bus, j'avais derrière moi le sosie du P. Alain Bonjour ; la ressemblance est frappante.
Demain, les cours reprennent au Collège des Frères après deux semaines et demie d’interruption, et le rythme des messes tôt le matin. Courage, ô mon âme !
À bientôt,
Étienne+

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